Mohamed Babaghayou : un météore, une valeur élevée… une espérance trahie - Par Mohamed-Seddik LAMARA

Publié le par LAGHOUATI

Mohamed Babaghayou : un météore, une valeur élevée… une espérance trahie

 

Par Mohamed-Seddik LAMARA

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C'était lors de la rencontre des amis du blog à gneifid en Aout 2013

si hadj Mohamed Babaghayou est à la droite de hadj Mohamed Brik (au milieu de la photo)


Après ma dernière contribution postée hier (arrêt sur frimas), je m’étais promis de plonger dans une courte « hibernation », le temps de recharger mes accus. Aussi, ai-je consacré le plus clair de la soirée à remonter le plus loin possible dans l’historique du blog, façon d’aiguiser mon inspiration et de recueillir des sources avisées pour mes  futures intrusions. A mesure que défilaient sur l’écran les rubriques aussi attrayantes les unes que les autres, ma subjugation augmentait d’un cran au point où le signal du sommeil a fini par s’émousser jusqu’à la pointe de l’aube. En ouvrant la page du jeudi 31 mars 2011, je suis tombé sur le  fabuleux texte  intitulé « l’esprit ne souffle qu’à son heure » de N.COTTE. Un divin baume pour les cœurs meurtris. Une thérapie concoctée dans un sublime mixage alliant les vertus de l’apaisante soumission  au destin magnifiée par Lamartine et celle, plus ascensionnelle, de sayidiana Ayoub ‘alihi essalam , quêtant auprès de son Seigneur la guérison du profond mal qui le rongeait.  J’étais loin de savoir que cet affectueux « calice » avait été adressé à ce Grand Monsieur qu’est Mohamed-Rafaa Babaghayou, suite à la disparition de son épouse. Déjà plus de trois ans ! Sincèrement, je ne l’avais pas su à son temps. Autrement, j’aurais été parmi les premiers à me précipiter auprès de lui pour partager sa peine. C’est que Mohamed, Allah issabrou, m’a grandement marqué par son immense personnalité. Je m’enorgueillirai, pour toujours, de l’avoir  si souvent côtoyé, professionnellement - à Hassi R’Mel, Laghouat, Alger et Boumerdès – pour ensuite en faire un ami et un confident. Nos « exils » respectifs - moi au Sénégal, lui aux Pays Bas – ont fait que nous  nous sommes perdus de vue ces dernières années. Je n’ai pu, entre temps, disposer de ses coordonnées pour le joindre. A la fin de l’été dernier, j’avais rencontré dans un café, à Boumerdès, un groupe de ses anciens collaborateurs qui m’avaient appris qu’il avait été mis à la retraite. Une retraite précédée par son infâme mise à l’écart par ce moins non infâme Chakib Khalil  dont le peu glorieux passé  a fini par le rattraper… Honteusement. « Remercier » un si émérite haut cadre au moment ou il était parvenu au summum de la compétence et du savoir faire, est une avanie à l’endroit de l’intelligence. Il  ya de cela un peu plus de trois ans j’avais rendu visite, dans son domicile à Hydra, à si Belkacem Nabi,  Allah yarhmou (décédé l’été dernier) qui, outré par une telle monstruosité, m’a textuellement confié : « c’est triste de brûler encore en pure perte, par torchères, les gaz de Hassi Messaoud, mais c’est encore plus affligeant de sacrifier des lumières prometteuses à l’exemple de celles qu’irradiaient avec générosité les Babaghayou et autre Bouhafs…Un dommage incommensurable . » Dans son écrit, notre ami COTTE a dit de Mohamed Babaghayou : « il a prêté ses vertes années au développement de Hassi R’Mel et autant dire à toute l’Algérie », moi je dirai qu’il avait sacrifié sa jeunesse, son énergie et, plus encore, son bonheur familial au service d’un honorable idéal : l’algérianisation, à outrance de l’encadrement de l’amont des activités hydrocarbures.

 

  Il aurait, en effet, pu être hissé  à l’amont de l’amont de celles-ci, être PDG de Sonatrach .Mais, hélas sa lumière  pour paraphraser le regretté ministre de l’Energie et des Industries Pétrochimiques, était si forte, si diffuse qu’elle a fini par contrarier les sombres barons de la citadelle argentée seulement occupés à téter goulument ses mamelles.

De Mohamed Babaghayou, je garde l’image d’un homme accompli, modeste et d’une correction qui frise la manie. Quand je me rendais à Hassi R’mel où il était un chef de région à la fois craint pour son intransigeance sur la discipline et respecté et autant aimé pour sa cordialité, il ne manquait jamais de m’appeler « Monsieur », quand bien même les longues années de notre « compagnonnage » avaient installé entre nous un climat de familiarité fraternelle. Mohamed est un homme qui a « le cœur sur la main ». Une vertu qui lui a valu  déférence et affection  de la part de ses proches collaborateurs et des plus humbles hommes de tâche. Par une fin de journée glaciale nous nous sommes rencontrés au motel de Médéa où nous nous sommes arrêtés pour y passer la nuit avant de rejoindre Alger, lui pour une mission à SH et moi pour un appel en consultation à l’APS. Nous sommes restés de longues heures à discuter au salon sur le devenir du secteur des hydrocarbures et sur les promesses de Hassi R’Mel. Il ne savait pas que le lendemain j’allais, de nos « conciliabules » nullement programmés, accoucher d’un article dont la parution avait, quelque part, indisposé ses suspicieux chefs. Une fois de retour à Laghouat, il me téléphona pour me dire qu’il était honoré par mon papier mais, craignait  dans le même temps qu’il n’irritât, plus haut, certaines sensibilités. Son appréhension était juste. Les hommes probes finissent toujours par payer un lourd tribut quand leurs qualités font de l’ombre à ceux, démunis d’aura et de prestance, qui décident de leur trajectoire. Mohamed Babaghayou est un météore, une valeur élevée dans les cieux d’une Algérie aux espérances trahies. Dans nos cœurs, il a chuté, comme un astre lumineux il continuera à luire de mille feux ici bas et dans l’eau delà in chaa ALLAH.Amiiiiiiin. 

M.S.L

Merci Mohamed seddik pour avoir "rendu justice" à notre ami commun si Hadj Mohamed Babaghayou avec ces beaux qualificatifs qui lui vont si bien "un météore, une valeur élevée… une espérance trahie"

J'ai parlé de notre ami le 26 décembre de 2013 en lui consacrant un article que je reproduis ci dessous.

J'en profite pour transmettre mes salutations et les tiennes à notre ami Hadj Mohamed .

Mohamed Hadj Aissa le 30 12 2014 à 21 heures

 

 Jeudi 26 décembre 2013


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MOHAMED apparait tout souriant au milieu de ses camarades de classe: le premier assis à gauche. On peut reconnaitre à ses cotés Abdallah Aouia, Attig . Debout de gauche à droite : Brahim Fechkeur-Dhina Bensaad - Laid Djekidel-said Naidjate

 

 

 

Il m’est souvent arrivé de rendre hommage à quelques illustres personnages de ma ville mais je n’avais jamais parlé de quelqu’un que j’ai longtemps hésité à citer pour ce que je connais de lui comme aversion pour les honneurs et les feux de la rampe. Mais cette fois-ci j’ai décidé de me jeter  à l’eau avec une certaine appréhension. Je me suis dis que je n’ai pas le droit de taire les qualités d’un grand maitre, d’un seigneur, qui fait honneur à sa famille d’abord , à sa ville ensuite et à son pays.

Ce personnage hors du commun est singulier en tout : singulier dans sa haute compétence et sa grande maitrise du métier qu’il s’est choisi, singulier dans sa rigueur, son honnêteté , sa loyauté, sa fidélité.

Il est de ma génération , je l’ai connu dans les années 60 au lycée franco-musulman de Ben-Aknoun comme interne. Il était parmi les meilleurs élèves du lycée , il était devenu par la suite l’un des meilleurs élèves du célèbre institut Algérien du pétrole dont il est sorti ingénieur pétrolier.

Il a accédé à diverses hautes fonctions mais sans jamais se départir des principes de justice, équité , modestie qui l’ont toujours animé . Il est resté tel qu’il a toujours été , franc , travailleur, rigoriste , impartial. Toutes ces qualité lui ont valu la reconnaissance et le respect de tous ceux qui l’ont approché mais ont lui attiré l’animosité de certains envieux, de certains comploteurs experts dans les coups farcis ;

Il aurait très bien pu accéder à des fonctions encore plus importantes telles que PDG de SH ou même ministre mais son profil ne peut plaire à certains décideurs. Mohamed n’est pas « malléable » comme on le voudrait, donc il « ne peut pas plaire»

Il est parti sans renoncer à ses principes, quittant la tête haute son poste pour se consacrer à sa famille, à ses amis

Cet homme c’est si Hadj Mohamed Babaghayou qui a laissé des souvenirs impérissables  de droiture et de compétence là où il est passé , à Hassi-Messaoud , à Hassi R’mel …

Mes excuses si Mohamed , je ne pouvais pas ne pas parler de toi lorsqu’on a décidé de consacrer  le restant de sa vie à parler de sa ville et des hommes qui y ont laissé des empreintes indélébiles.

Non, Je n’ai pas le droit de taire les vertus et les qualités d’un homme digne et fier, un digne fils de Laghouat la rebelle, l’éternelle  et que Mohamed a su si bien représenter ;

 

Merci Mohamed , le blog aurait failli à sa mission s’il ne t’avait pas consacré ces quelques lignes

Publié dans Med Seddik LAMARA

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L
Comme d'habitude, tu as le génie d'apporter, à bon éscient de l'eau à mon moulin. Ton article de 2013, consacré à notre ami Mohamed Babaghayou que je lis pour la première fois, est quasiment le<br /> reflet du mien. Les mêmes pulsions nous animent: rendre justice aux êtres aimés par leurs semblables et donc de DIEU. Mohamed (qsssl) a dans un de ses hadith dit: ''il est des hommes si proches de<br /> DIEU, quand ils l'invoquent, il ne les déçoit jamais''. Mohamed est de ceux la. La vangence du Seigneur est terrible contre ceux qui portent atteinte à l'intégrité des hommes justes. Nous aurons<br /> encore longtemps à nous désoler, impuissants, face à cet abominnable forfait par lequel depuis l'indépendance, nos dirigeantsse sont ingénié à vider le pays de ses élites pour encourager, le<br /> larbinisme et son corollaire, la médiocrité. Cheikh Imam n'a-t-il pas, avec amertume reproché à la vie:"ingrate tu l'as toujours été; le vil tu élèves et le vertueux tu rabaisses." En fait, le<br /> poète , par là, ne fustigeait pas l'existence mais ceux qui la rendent invivable pour les autres. Les justes qui craignent DIEU. Un jour au cours d'une veillée funèbre à Khenchela, la ville de ma<br /> première épouse Allah yarhamha, l'assistance se "mortifiait" du petverissement de l'echelle des valeurs dans notre pays. Subitement, depuis un coin de la salle, un vieux chaoui, -un compagnon de<br /> Ben Boulaïd, avais-je appris par la suite- s'est levé pour lancer à la contonnade: "n'allez pas chercher loin, le petit lait ne coûte-t-il pas plus cher que le lait complet". Une boutade qui résume<br /> tout le drame vécu par Mohamed Babaghayou et les nombreux hauts cadres victimes de la chasse aux sorcières d'un système englué dans la logique de la cooptation clanique qui nous a conduit au<br /> désastre. M.S.L
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