Regards sur notre région : Extraits du livre "Laghouat, ou les maisons entourées de jardins" de Jean MELIA - 34

·          Regards sur notre région : Extraits du livre "Laghouat, ou les maisons entourées de jardins" de Jean MELIA - 34

Ben Nacer ben Chohra a une grande influence sur son beau-frère Cheikh-Ali, bien que ce fils d'Ahmed ben Salem, le plus énergique de tous, soit favorable à la France. Craignant, à tort, d'ailleurs, une défection de la part de ce dernier, le général Yusuf, qui commande la région nouvellement occupée, tout en le nommant caïd de Laghouat, croit bien faire de placer auprès de lui, pour le conseiller et, aussi, si besoin en est, pour le surveiller, un officier du 1er spahis, du nom de Mohammed ben Hamida.

Ce choix n'était pas très heureux. Mohammed ben Hamida était intelligent et, par les services qu'il avait rendus au général Yusuf, il avait su s'attirer l'estime de ce dernier, mais cet officier n'avait pas réussi à avoir les sympathies de ses compagnons d'armes qui l'appréciaient autrerment  que ne faisait leur chef. Et de fait, Mohammed ben Hamida trompa la confiance que le général Yusuf avait placée en lui, car il abusa du pouvoir qu'on lui avait attribué. Ici, encore, une femme intervient.

Il y avait à Laghouat une femme juive à laquelle on accordait une beauté extraordinaire; Mohammed ben Hamida l'apprend et n'a rien de plus que de se l'adjuger. Cette désinvolture fait éclater la colère si longtemps contenue des habitants de Laghouat. Ceux-ci veulent arracher la belle juive des bras de son triomphant possesseur, ils envoient quelques agents secrets au chérif d'Ouargla, l'allié de Ben Nacer ben Chohra, afin de lui faire connaître que, pour chasser Mohammed ben Hamida, ils sont prêts à lui ouvrir les portes de leur ville. C'est ce qui se produit, et la révolte aboutit à la défaite même des fils de Ben Salem demeurés, malgré tout, les fidèles amis de la France.

Ceux-ci peuvent, heureusement, parvenir à s'enfuir. L'un, Taouti, se rend avec ses partisans auprès du marabout d'Aïn-Mahdy et l'autre, Cheikh-Ali, auprès du général Yusuf. Laghouat, qui voit arriver en son sein le chérif d'Ouargla, Mohammed ben Abdallah, subit entièrement l'influence guerrière de ce dernier et décide la lutte à outrance contre la France.

Celle-ci ne veut pourtant pas user de rigueur. Le général Yusuf adresse aux habitants de l'oasis des lettres de pardon, à condition que l'agitateur Mohammed ben Abdallah soit livré, mais c'est à coups de fusil que sont reçus les envoyés du général français. Devant de tels faits, le maréchal Randon, gouverneur général de l'Algérie, décide une expédition contre Laghouat.  

à suivre ...