Page d'histoire de la Ville de Laghouat -Ali Sohbi-

Publié le par Laghouati


Je viens encore de retrouver un article de notre ami Ali Sohbi sur l'histoire de notre ville, Laghouat qui a paru sur le "Quotidien d'Oran" en date du 16 Décembre 2008.
Bonne lecture et merci pour les réactions qu'aura suscitées en vous cet article.

Page d'histoire

Par M. Sohbi Ali *


Laghouat connaît un dynamisme sans précédent touchant principalement le rythme des réalisations d'ouvrages routiers, d'équipements publics, logements sociaux, cette préoccupation permet de mettre fin aux erreurs du passé où l'initiative de redonner espoir pour un bien-être, la prise de conscience de revoir les pratiques archaïques dépassées est un acquis. Cette merveilleuse ville, perle du Sud, jadis verdoyante par ses deux cent mille palmiers, aujourd'hui disparus faute de planification, et le refus de l'autorité de l'époque à l'octroi de parcelle à caractère d'habitation aux familles nombreuses natives de la ville procédant des jardins. Cette décision irréfléchie et incontrôlée a contribué à la disparition de la flore et la faune ainsi que la seguia, conduite des eaux limpides en dépotoir, qui servait à l'irrigation. Faire démarrer des chantiers de cette dimension mérite d'être salué et apprécié. Le produit des efforts prêtés par les responsables pour achever les programmes inscrits dans les délais impartis sont des paramètres nouveaux auquel nous n'étions pas habitués. Cet indicateur permet d'évaluer les compétences par le savoir-faire et la motivation.

Permettez-moi d'interroger en toute objectivité, sans retenue du pourquoi à ces répétitions de l'erreur liées et reliées à l'histoire qui reviennent. Chaque région de notre pays possède des caractéristiques bien définies.

Laghouat, porte qui donne sur notre grand espace, créée pour être contemplée, bâtie pour dégager l'oxygénation quand l'air vient à manquer, mérite du moins une attention particulière plus spécialement la sauvegarde de ses sites. Laghouat, plusieurs fois martyrisée, détruite, salie, avilie, faillit être déracinée pour éradiquer une civilisation millénaire, voir l'art rupestre de la wilaya.

Le duc de la Piconnerie disait refouler les indigènes loin, là où il n'y a aucune civilité. Laghouat est une symphonie improvisée qui cache un secret mystique, possède un nombre incalculable de medersas, preuve que donnent les Aghouatis à la science. Elle fut le théâtre de l'un des génocides les plus marquants de l'histoire de l'humanité commis pour faire taire, rendre à la servitude ceux qui ont osé mettre en échec l'expansionnisme colonial venu en renfort par coalition et alliances, elle est la ville qui témoigne le plus en perte d'officiers ennemis, raison pour laquelle elle fut un champ d'expérimentation à l'arme chimique en décembre 1852 (guerre des sacs), initiative prise pour éviter la confrontation du corps-à-corps face à de vaillants et tenaces guerriers indomptables.

Pélissier, dans son rapport de guerre envoyé au général Rivet, chef d'état-major, disait: il fallait ce digne et sublime holocauste pour nous venger de la disparition de tant de nos soldats. M. Mélia, auteur auxiliaire, rapporte une partie du rapport dans Laghouat entourés de jardin, p. 60, édit 23. Il est impérativement nécessaire aux chercheurs de rectifier les sources d'information concernant l'utilisation et l'insertion de ce mot dans la langue de Molière, à partir de cette mascarade et non depuis la supposition des fours crématoires.

Par reconnaissance aux péripéties honteuses, fut construit un Arc de triomphe à la mémoire des soldats morts. Cet édifice représentait beaucoup plus pour nous, il demeure éternel témoin de la bravoure, de la raison au sacrifice, au courage et l'opiniâtreté, pourquoi démolir pour reconstruire ce qui rappelle aux vestiges du passé, contre les cruautés commises pour assouvir un désir. Il est temps de tenir informé, pour rafraîchir continuellement les mémoires d'après-guerre en matière d'histoire d'où proviennent ces idées de raser pour reconstruire, est-ce par obligation, frustration ou peur de l'interrogation par l'histoire. Il est temps de nous rendre à l'évidence afin de rectifier nos faits et actes, pour évoluer et évaluer les coûts des jouissances aux libertés arrachées chèrement.

Aujourd'hui nos enfants n'ont aucune inspiration, voient moins d'intérêt de conserver en mémoire un quelconque souvenir, il faudrait plutôt insister sur le devoir de citoyen devant l'épreuve. Contre l'apathie qui gangrène.

Si l'artère principale du centre-ville connaît la dégradation des piliers d'arcades uniques du genre, deux fois centenaires laissés à l'effondrement, il est à rappeler que cette rue marchande, très fréquentée par les Aghouatis, fut un lieu de rencontre, endroit où intellectuels, notables, nationalistes se donnaient rendez-vous pour discuter, se former et s'informer aux alentours du musée oriental, boutique à l'ancienne où l'on vendait des livres. Plus haut logée, Aurélie Picard, femme de Sidi Amar, l'exilé de Bordeaux et chef de la confrérie Tidjania, à côté les services spéciaux, lieu où l'on a tiré les aveux sous la torture, et autres bâtisses anciennes qu'il faudrait restaurer au lieu de prescrire des démolitions, pour se contenter de l'approximative.

 

 Ali Sohbi * Sociologue et enseignant à l'université d'Oran

 


Publié dans HISTOIRE

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