Regards sur notre région : Extraits du livre "Laghouat, ou les maisons entourées de jardins " de Jean MELIA - 95

Regards sur notre région : Extraits du livre "Laghouat, ou les maisons entourées de jardins " de Jean MELIA - 95


Toujours l'imagination des hommes a besoin de pieux mensonges. Mais comme ce nomade, dont la peau a été brûlée par le soleil, dont les courses vagabondes ont durci les jarrets, troquerait, sans doute, son existence pour celle que goûte l'habitant de l'oasis !


Le désert n'offre aucun abri de verdure où, dans le calme et la sécurité, tous les hommes de l'immense espace mette enfin un terme à leurs marches séculaires. Il faut aller, aller toujours; et ils vont et ils viennent, ces bergers si enchevêtrés dans les lacets de leurs pénibles jours qu'ils n'osent pas concevoir que leur sort puisse changer, non plus que ces femmes nomades, si pliées à leur destin que leurs épaules ne trouvent aucune difficulté à se courber sous la charge des fagots ramassés au hasard de la route et qu'elles viennent vendre au marché pour quelques sous.


Comme les plus jeunes de ces femmes, séchées par les privations de toutes sortes, amaigries et accablées par leurs maternités, sont déjà ridées, avant l'âge ! Comme les plus vieilles ont l'aspect  saisissant des êtres à qui la méchante mort refuse le divin repos entre ses bras de consolation et d'oubli !


Les jours de marché, on  peut les voir, tous ces nomades, principalement le long du boulevard du Nord, dans le caractère ancestral des races les plus primitives, car, dans le néant de ces terres insondables, aucune évolution n'a encore pu se produire. 


à suivre ...