Regards sur notre région : Extraits du livre : Laghouat, ou les maisons entourées de jardins" de Jean MELIA - 18

Regards sur notre région : Extraits du livre : Laghouat, ou les maisons entourées de jardins" de Jean MELIA - 18


Nous sommes, tout entiers, enveloppés dans le mystère même de l'espace; nous sommes habitués à ce mystère, nous le sentons à ce point qu'il paraît devenir palpable et qu'il nous suffit de resserrer et de fermer les doigts pour en éprouver, dans le creux de la main, toute la volupté en même temps que tout le tiède frissonnement.


On nous a dit que les jours précédents toutes les eaux du ciel s'étaient abattues sur ce sol calciné et que les vents déchaînés dans ces mornes étendues s'étaient furieusement heurtés contre les monts, comme s'ils avaient voulu ébranler dans leurs bases et renverser ces immuables ennemis de pierre. La tempête avait fait rage dans l'épouvantable hurlement de son tonnerre, dans les éclairs de sa foudre brisée comme une épée de feu, et c'était bien la mort de la terre africaine, le déluge sans l'arche de Noé, l'engloutissement même du vide que jamais ne viendra la colombe portant en
son bec un rameau d'espérance.


Mais nous ne pouvons croire à ces orages que, seule, concevait lady Macbeth et qu'elle déclarait impuissants cependant à effacer, sur de sanglantes mains, les tâches du crime; le ciel est si pur et l'aire si tendre qu'il nous paraît, au matin naissant, avoir vu l'aurore aux doigts de rose se pencher divinement, telle que l'entrevoyait Homère, et boire les gouttes de rosée tremblantes au bout des pauvres herbes.


à suivre ...