Regards sur notre région : "Extraits du livre "Laghouat, Essai d'histoire sociale" d'Odette PETIT -suite

Publié le par LAGHOUATI

·          Regards sur notre région : "Extraits du livre "Laghouat, Essai d'histoire sociale" d'Odette PETIT -suite


En 1727, la ville repasse entre les mains des Turcs, après l'intervention du Bey de Médèa, Chebane Zenaghi, qui contraint les rebelles à payer l'impôt annuel de 700 réaux. Mais cette nouvelle victoire se révèle aussi précaire que les précédentes; à chaque fois, le prélèvement de l'impôt impose une nouvelle conquête.

En 1784, le Bey de Médéa, Mustapha, venu toucher l'impôt, est battu sous les murs de Laghouat et son successeur, le bey d'Oran, Mohamed-el-Kebir, est forcé, en 1785, de mettre le siège devant la ville; celle-ci ne se rend qu'après de violents combats et les Ulémas demandent l'"aman" moyennant une contribution de guerre de 100 esclaves, 350 chameaux, 5000 boudjous et 4 chevaux. De plus, le Bey vainqueur assigne des chefs aux principaux clans en présence : Ahmed Ben Lakhdar aux Serghin et Saïah Ben Zaanoun aux H'allaf.

En 1797, le bey d'Oran, allié aux H'allaf, mit en échec les Ouled Serghin; son successeur, Othman, triompha à son tour des H'allaf. Chaque fois, la partie adverse, s'alliant avec les nomades, rétablissait l'équilibre compromis.

Cette situation aurait certainement duré longtemps encore si, après la mort du chef des H'allaf, Saïah Ben Zaanoun, survenue au cours d'un engagement en 1830, son neveu et successeur, Ahmed Ben Sâlem n'avait pas réussi à réunir sous son pouvoir les deux principaux partis en présence. Pour y parvenir, il commença par épouser la fille du chef des Ouled Serghin, Ahmed Ben Lakhdar, et ft ensuite, dit-on, assassiner son beau-père unique adversaire sérieux.

Ce rapprochement, tout relatif d'ailleurs, entre les deux clans ne faisait évidemment pas le jeu du gouvernement extérieur. C'est pourquoi, l'Emir Abdelkader, voulant se ménager l'appui des régions du Sud pour combattre les Français (qui avaient succédé aux Turcs en Algérie) s'allia à El-Haj Arbi, petit-fils de Sidi Hâj Isa et chef du troisième parti de Lahouat: celui des Marabouts, évincé par Bensalem. Bien que numériquement faible, ce troisième parti souhaite en effet exercer le pouvoir lui aussi.

Ces subtiles intrigues, que venaient renforcer des alliances conclues non seulement avec les partis de la ville de Laghouat, mais aussi avec les tribus nomades et avec les ksour alliés, ont commandé la politique de toute la période antérieure à la conquête française. Nous n'en relaterons pas les diverses péripéties, fidèlement rapportées par les historiens de Laghouat.

Nous nous sommes attardés sur les grands évènements dont Laghouat fut le théâtre pour deux raisons :

tout d'abord, parce qu'ils indiquent que, tout comme les premiers envahisseurs, les nouveaux conquérants d'Afrique du Nord étaient soucieux de maintenir sous leur dépendance cette ville, considérée comme la clé du désert et dont les habitants entretenaient des liaisons étroites avec les turbulents nomades, et ensuite parce qu'ils éclairent l'attittude de cette cité saharienne qui n'a jamais vraiment accepté le joug de ses suzerains, et leur a souvent résisté avec succès.

à suivre ...

 

Publié dans AHMED MECHATTAH

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