Brèves de Laghouat

Publié le par MOHAMED BEN CHIKH AL -AGHOUATI

Nouveaux rebondissements dans l'affaire Sonatrach

Enquête des services de sécurité à Hassi R'mel et Hassi Messaoud
Source: "le temps d'Algérie"

Alors que la chambre d'accusation près la cour d'Alger a confirmé les mises sous mandat de dépôt des prévenus dans l'affaire Sonatrach, et que le P-dg du groupe pétrolier ainsi que quelques-uns de ses collaborateurs sont maintenus sous contrôle judiciaire, les services de sécurité de la wilaya de Ouargla et Laghouat ont reçu pour instruction d'engager des enquêtes sur tous les marchés attribués de gré à gré entre 2002 et 2009 par les directions de zone de l'entreprise pétrolière.

L'affaire Sonatrach rebondit avec l'ordre de transfert, à Alger, de tous les dossiers relatifs aux marchés engagés par ses directions de zone de Hassi R'mel et Hassi Messaoud, en priorité les marchés de gré à gré passés entre 2002 à ce jour, qui se chiffrent, dit-on, à plusieurs centaines.

Dans le même temps, indique une source fiable, les services de sécurité des wilayas de Ouargla et Laghouat ont été instruits d'enquêter sur l'ensemble de ces marchés et de recueillir toute information pouvant aider la justice à faire la lumière sur les irrégularités dont ils sont entachées «afin de confondre les personnes impliquées».

La même source précise que l'enquête a révélé des éléments nouveaux, entre autres la dilapidation de plus de 10 millions d'euros dans des opérations d'entretien et de maintenance «non justifiées» sur les installations que Sonatrach a confiées à une entreprise française entre 2006 et 2009.

Par ailleurs, ajoute un responsable de l'entreprise qui a requis l'anonymat, la justice devrait convoquer prochainement plusieurs cadres de Sonatrach assumant des fonctions importantes dans les unités du sud.  Ils seront auditionnés «en qualité de témoins», et devront répondre au juge sur certains marchés considérés comme douteux et dont ont bénéficié certaines personnes physiques ou morales.

Le même responsable a précisé que tout est parti d'une enquête «ordinaire» menée en juin 2009 par une commission du ministère de l'Energie et des Mines, sur instruction de la présidence de la République. Cette enquête qui s'est révélée «plus sérieuse que d'habitude» aurait suscité l'inquiétude de plusieurs cadres auditionnés, tant les questions étaient pertinentes et gênantes à la fois.

Elle ferait suite, indique-t-on, à une plainte qu'aurait adressée un responsable de Sonatrach à la présidence, l'informant du caractère non réglementaire d'un marché passé entre l'entreprise et une société française pour la fourniture, la pose et la maintenance d'équipements de sécurité, essentiellement des systèmes de télésurveillance et de communication.

Ce marché, indique-t-on, conclu en 2007 et devant s'étaler sur plusieurs années, comportait nombre d'irrégularités, dont les coûts faramineux de l'opération, qui ont attiré son attention.  Au prétexte que l'affaire est entre les mains de la justice, la plupart des responsables de Sonatrach au sud ont refusé de la commenter, bien qu'elle les concerne directement car l'essentiel des marchés de gré à gré – plus de 1600 selon certaines sources, davantage selon d'autres – porte sur des opérations

dans les chantiers et bases de production dans les zones de Ouargla, Laghouat et In Salah. Moins frileux, quelques cadres, ayant eux aussi requis l'anonymat, prétendent que les affaires de corruption et d'attribution de marchés se traitent au dessus de leur tête, soit directement au niveau de la direction du groupe, à Hydra.

Ces révélations parcellaires ne font en fait que confirmer ce que tout le monde savait déjà, a commenté un ancien vice-président de la Sonatrach.  Hocine Malti, c'est de lui qu'il s'agit, fait montre d'un scepticisme quant à l'aboutissement de l'enquête, craignant qu'elle s'achève, tout au plus, par l'inculpation des seconds couteaux.

Selon lui,  les enquêteurs du DRS devraient suivre d'autres pistes, en particulier celles qui ont permis la concession de gros marchés dans des conditions plus que troubles, à des multinationales canadiennes et italiennes, entre autres. Ces marchés surévalués à son sens se chiffrent à plusieurs milliards de dollars et engagent la responsabilité directe des dirigeants de Sonatrach et leur tutelle.

A. L.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article