Amar Dhina (1902-1987), un parcours peu ordinaire
Amar Dhina est né le 09 Avril 1902 à Ksar el hirane (Wilaya de Laghouat) où son père, sorti de l’Ecole normale de Bouzaréah, exerçait comme instituteur. Il entama ses études primaires à Kourdane (près de Ain-Madhi ), autre endroit d’affection de son père avant de poursuivre le cycle secondaire à Médéa d’où il rejoint l’ Ecole normale de Bouzareah. Il en sortit avec le diplôme d’instituteur, profession qu’il n’exercera pas très longtemps puisqu’il s’orienta très vite vers d’autres activités plus conformes à ses penchants. Il rejoignit Laghouat, pour accompagner Cheikh Moubarak El Mili qui y a été envoyé par l’association des oulémas et aida à l’ouverture de l’une des premières écoles libres en 1948. Il défendit par sa plume acerbe l’activité des oulémas réformistes en écrivant dans certains journaux paraissant en langue française tel »la presse libre ».
Au contact de chikh Mobarek, il étudie la langue arabe et obtient son diplôme d’arabe qui lui ouvra la voie vers des études d’interprète judiciaire qui se terminent par l’obtention de son diplôme d’interprète mais là aussi, comme pour l’enseignement, il n’exerça jamais le métier pour lequel il a été formé. Il préféra se consacrer à son ami Mobarak El-Mili en effectuant pour lui des recherches en vue de l’aider à achever son monumental ouvrage sur « l’histoire de l’Algérie » notamment les cartes de géographie qui sont toutes de lui.
Sur les conseils de El-Mili, Si Amar et son camarade Benadjila Ayache se rendent en France où ils sont admis , tous les deux, au concours de l’Ecole des Nationale des Langues Orientales . Deux ans après Amar Dhina obtient son CAPES tandis que son ami Ayache s’orienta vers le droit. En 1933, Amar Dhina fut nommé professeur à l’Ecole Normale de jeunes filles et à l’Ecole primaire supérieure de Miliana jusqu’en 1940. Pendant son séjour à Miliana, il passe brillamment son diplôme d’études supérieures. A la suite de quoi il est muté au collège moderne et classique de Blida (actuellement le Lycée Ibn Rochd) . En 1951, il passe son agrégation de langue et littérature arabe avec la mention très honorable. Il édite, dans la même période, des manuels scolaires dont se souviennent très bien les personnes de notre génération :
« L’arabe classique sans difficulté » (1er livre), »L’arabe classique sans difficulté » (2ème livre), « Les textes arabes classiques au Baccalauréat ».
Au lendemain de l’indépendance du pays, il fut nommé inspecteur général de l’enseignement en arabe au Ministère de l’éducation nationale. Il dispensait en même temps des cours de civilisation musulmane à l’université d’Alger.
Il a laissé de nombreux ouvrages qui font référence en la matière. Nous citons, entre autres, les ouvrages suivants :
1. « Les grands tournants de l’histoire de l’Islam »
2. « Les cités musulmanes d’orient et d’occident »
3. « Les grandes figures de l’Islam »
4. « Connaissance de la littérature arabe »
Amar Dhina fut un grand pédagogue qui forma de nombreux étudiants et ses connaissances ne se limitaient pas à la langue et la littérature arabe mais à d’autres sciences telles que l’histoire, la géographie, la peinture, l’astronomie…. Une véritable encyclopédie en somme.
Ses contributions dans la presse nationale étaient très suivies par les élites parce qu’il était considéré, à juste titre, comme l’un des meilleurs spécialistes de la question.
Il décéda en décembre 1987 à l’age de 79 ans après une vie consacrée entièrement à l’enseignement, la recherche et la publication et après être resté très humble malgré le rang qu’il occupait dans l’intelligentsia Algérienne .
Amar Dhina a été un homme au parcours impressionnant, un homme de grande culture et un fin homme de lettres qui a laissé des empreintes indélébiles sur son époque. Que Dieu le récompense pour son grand apport à la culture Algérienne.
Son frère cadet Attalah, qui était titulaire d’un doctorat en histoire obtenu en Allemagne, et qui a occupé le poste de Directeur de l’éducation de la Wilaya de Laghouat, devait se consacrer à l’étude de l’histoire de la région de Laghouat ( il m’en avait fait la révélation). Mais la mort l’a ravi aux siens et à Laghouat alors qu’il était plein de jeunesse et de dynamisme, à la suite d’un accident survenu sur la route de Djelfa, il y a de cela quelques années.
Ecrit par M.Hadj-Aissa
Sources : les archives du quotidien « El-Moudjahid » en décembre 1987
Observation : Nous aurions aimé publier sa photo mais nous ne possédons aucune de lui. Nous invitons celui qui en posséderait une de bien vouloir nous l’envoyer à notre adresse mail et merci par avance.
Notre ami fayçal m'a envoyé un lien où figure une photo représentant le corps enseignant de l'ex-lycée Duveyrier www.michelgast.mathieu.free.fr que nous remercions pour ce document rare.
Notre professeur figure debout, à droite au 2ème rang avec le cache-nez ( année scolaire 1946-1947)