ô M’BARKA, nous avons fauté avec toi ! de Ahmed Benaya

Publié le par MOHAMED BEN CHIKH AL -AGHOUATI

ô  M’BARKA, nous avons fauté avec toi !

 

L’ Elégie de Amin Lotfi écrite dans un lyrisme aussi attendrissant que celui inhérent aux célèbres thrènes d’El Khansa rend indubitablement un hommage aussi vibrant qu’émouvant  à notre infortunée que fut M’BARKA ;Cependant, notre poète, a réussi , volontairement ou par  simple inadvertance , à jeter un gros pavé dans la mare de notre conscience Laghouatie qui a hélas,  mis à nu , une des pires choses que puisse  s’agripper au commun des mortels, de surcroît musulman et vivant subséquemment dans une société musulmane : c’est celle de son incapacité récurrente de porter le flambeau laissé par ses aïeux et par le biais duquel ceux-ci éclairaient à juste titre, le chemin de leur vie d’ici-bas. Et oui, du merveilleux viatique légué par notre ascendance Laghouatie, d’où giclaient ces inestimables valeurs humaines qui sont la dilection, l’altruisme, la compassion, la commisération, l’entre aide et l’esprit chevaleresque,  s’est substituée une gibecière pestilentielle d’où émerge indécemment une kyrielle de mille péchés capitaux tels que les hochements de la tête, l’insouciance, l’indifférence, l’individualisme l’emmurement de soi,  genre « pourvu que ma maison soit épargnée ! » attribué à Djeha, la pusillanimité, le regard vipérin, le sarcasme, la vilenie,la malveillance, la médisance, l’esprit vindicatif et tout autre acte se répercutant de façon nuisible sur la société et sur les êtres  vulnérables et sans défense qui y vivent.

Voilà de manière crue dans quel état moral et social est parvenue notre Laghouat, voilà aussi,  le contexte spatio-temporel  pour le moins regrettable,  dans lequel  notre M’BARKA aura vécu une partie de son existence avant de nous quitter pour le voyage dans l’au-delà. Oui, notre Madone est partie pour de bon à la rencontre de son créateur, seule mais téméraire, esseulée mais fière et hautaine, n’ayant que faire de  l’aide ostensible et ostentatoire de ses semblables, aide que l’on serait tenté d’entrechoquer à cet adage de chez nous « quand il était encore en vie, il avait fortement besoin d’une seule datte ; à sa mort, on a déposé tout un régime sur son épitaphe ».

Ceci dit, soyons courageux pour dire toute la vérité, fût-elle blessante, dût -elle lacérer nos consciences et tarir nos glandes salivaires : combien sont les gens qui ont osé s’asseoir à même le sol et faire ne serait ce qu’un brin de causette  réconfortante avec M’BARKA lorsque celle-ci  était encore en vie ?  Combien sont les âmes charitables qui osé réfléchir ne serait ce qu’un bref instant sur la manière la plus censée pour la prendre en charge ou de l’assister médicalement ? Combien sont nos sœurs qui ont eu le courage de renoncer à une invitation mondaine pour prendre de gré ou de force M’BARKA au hammam  en vue d’une ablution qui l’aurait certainement revigorée ? Que nenni et rien de tout cela ! De  part notre attitude dédaigneuse,  notre comportement méprisant et notre conduite scélérate, on a laissé M’BARKA dépérir petit à petit pour devenir en fin de compte,  une loque humaine dont on se méfiait à tout prix. Et puis vint le jour où terrassée par la maladie, la grande tisseuse de la cité, transvasée en une damnée par ses semblables, s’en alla ad patres, nous laissant cruellement patauger dans nos repentirs tardifs et nous taraudant tardivement dans nos vifs regrets.

Ainsi, pour l’affirmer tout haut, sans euphémisme, ni avec fioritures,  on n’a pas été dignes de nos aïeux car ayant été incapables de préserver leur legs moral. De même, on n’a pas fait honneur à notre religion l’ISLAM qui prêche la bonté et la bienfaisance vis-à-vis de son prochain. Puisse Dieu nous pardonner pour cette erreur, et puisse la disparition de M’BARKA nous servir de leçon pour nos actes futurs.

Sidna Mohammed ( que la prière et le salut soient sur lui) n’a-t-il  pas affirmé à juste titre que " Nul ne peut se prévaloir du titre de croyant s’il n’aime pas pour son prochain,ce dont il aime pour soi même " ?

Et dans le même ordre d’idée, l’apôtre saint jean, si chrétien qu’il fût, aurait affirmé cette belle sentence : "Celui qui prétend aimer Dieu qu’il ne voit pas, et n’aime pas son frère qu’il voit, est un menteur."

A bon entendeur, pardon lecteur du blog, salut !

Bravo à Amin Lotfi et merci à mon frère Mohamed ben si chick de m’avoir permis,  l’un et l’autre, de faire mon propre mea-culpa et celui aussi, de mes concitoyens Laghouatis.

 

 Ahmed BENAYA

 

Publié dans NOS VÉNÉRABLES AINES

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G
<br /> <br /> tout a été dit , la sentence est terrible mais malheureusement c'est la triste réalité.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Ce que vous dites n'est pas loin de la réalité. Cependant, il faut rendre hommage à nos parents qui eux respectaient leurs prochains. A titre d'exemple,<br /> les Nia père et fils,  qui étaient membres de notre famille, étaient les jardiniers attitrés de mon père Allah yarhamhoum jamiane. Ah! Si jeunesse<br /> savait et si vieillesse pouvait<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Merci de nous montrer tels que nous sommes Amine Lotfi<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> j'adhère complètement à ce que tu dis, si Ahmed. Mais nous pouvons corriger toutes ces tares qui nous collent à la peau et qui nous déconsidèrent et écorchent sérieusement notre patrimoine<br /> culturel et civilisationnel fait de grandes valeurs que nous avons léguées aux arrières.<br /> <br /> <br /> <br />
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