"Le dernier jour du reste de la vie " Par Lotfi Amine Soukhal-P.2-

Publié le par Laghouati

LE DERNIER JOUR DU RESTE DE LA VIE

Par Lotfi Amine Soukhal – Partie deux

"Le général DE LADMIRAULT sera rappelé en FRANCE pour être décoré il remettra le commandement de la subdivision au général YOUSEF.

Le général JOSEPH VENTINI dit « YOUSEF » né à l’île d’ELBE (1809 – 1860) Mamlûk du bey de TUNIS évadé, il arrive à ALGER en août 1830 d’abord interprète puis capitaine au chasseur Algérien chargé en 1841 du commandement de tous les escadrons de spahis de l’armée d’AFRIQUE, puis MAR de l’armée d’AFRIQUE, puis MAR de division en 1856.

Malgré tous les bons offices pour instaurer le calme, la ville de LAGHOUAT continuait à fermenter.

La FRANCE  touchée dans son amour propre de puissance coloniale décida d’intervenir pour faire d’une pierre deux coups, prendre LAGHOUAT lui permettrait d’asseoir toute sa suprématie sur le sud et par delà toute l’AFRIQUE.

Le général YOUSEF commença d’abord par construire une maison de commandement une sorte de poste magasin fortifié sur OUED DJELFA, au pied du MAALBA.

Cette maison sera destinée au BACHAGHA SI CHERIF BENARCH (cette maison est située à l’emplacement exact de la ville actuelle de DJELFA).

Le général après s’être reposé 6 semaines transporta immédiatement son camp en amont de l’oasis sur l’oued M’ZI à l’emplacement qu’avait déjà occupé avant lui le général DE LADMIRAULT à RAS EL MA, situé prés du barrage qu’il n’avait qu’à rompre pour priver d’eau les jardins et réduire la ville à puiser l’eau de ses puits.

Cette mesure d’intimidation ne trouva pas l’écho nécessaire auprès d’une population excédée par tant d’injustices, de HOGRA et d’exactions.

Le général YOUSEF qui était un véritable « tyran » commença par faire vendre à l’encan les biens, meubles et immeubles de tous les habitants qui avaient fuit l’oppression pour rejoindre l’intérieur de la ville.

Il nomma avant de partir un commandant militaire et choisit pour ce poste le renégat  MOHAMMED BEN AHMIDA  officier indigène.

On lui forma une garde composée de spahis commandée par IBRAHIM BEN ABDALLAH maréchal de logis.

Le général YOUSEF croyant avoir réglé les choses rentra aussitôt en compagnie du capitaine DU BARAIL sur MEDEA (ce dernier accostera à BOGHAR).

Mais l’état de grâce ne durera pas longtemps car IBRAHIM BEN ABDALLAH rattrapa en cours de route le capitaine DU BARAIL pour l’informer que LAGHOUAT était en pleine révolte et que le commandant et ses spahis avaient été chassés par la population.

MOHAMMED BEN AHMIDA qui se croyait tout permis dans la ville et profitant de sa position éprouva par sa conduite immorale et belliqueuse la patience des habitants de LAGHOUAT.

Il mit le comble de l’exaspération en s’adjugeant par la force une jeune fille juive d’une beauté extraordinaire.

Tous les habitants excédés par ce nouvel affront et cet abus de pouvoir caractérisé prirent fait et cause pour la jeune fille et leur colère longtemps contenue éclata.

Des missionnaires furent envoyés entre temps au chérif de OUARGLA MOHAMMED BEN ABDALLAH, l’allié de NACER BENCHOHRA pour l’inviter à venir à LAGHOUAT après avoir chassé hors de la ville le félon MOHAMMED BEN AHMIDA et ses soldats.

LAGHOUAT, heureuse de voir arriver le chérif de OUARGLA MOHAMMED BEN ABDALLAH décida d’accentuer davantage la lutte contre la FRANCE  et ses acolytes.

Le général tenta de ruser il adressa aux habitants de la ville des lettres leur demandant d’excuser les incartades de son commandant AHMIDA, tout en les sommant de lui livrer MOHAMMED BEN ABDALLAH le chérif de OUARGLA et c’est à coup de coups de fusils que seront reçus les envoyés du général YOUSEF.

Devant tant d’insubordinations et de fierté le MARECHAL RANDON GOUVERNEUR GENERAL  de l’ALGÉRIE trouva là une occasion inespérée pour mettre en branle la machine de guerre qui sera dirigée contre la ville de LAGHOUAT et ses 3500 habitants.

Cinq colonnes seront formées 3 seront rassemblées à ORAN, MASCARA et SAIDA sous les ordres du futur MARECHAL et GOUVERNEUR d’ALGÉRIE PELLISSIER alors général, la 4ieme réunie à DJELFA et mise sous la direction du général YOUSEF et la 5ieme rassemblée à BOUSAADA et avait à sa tête le commandant PEIN.

Voici énuméré exhaustivement la liste des détachements qui prendront part à l’assaut de la ville de LAGHOUAT.

1.            Détachement du 1er, 3ieme et 4ieme régiments d’artillerie.

2.            Détachement du 3ieme de génie.

3.            50 ième de ligne un bataillon sous les ordres du lieutenant colonel GERARD.

4.            60 ieme de ligne deux bataillons sous les ordres du colonel MARQUIS DE      

               LENIERES.

5.          1er régiment des zouaves un bataillon sous les ordres du commandant BARROIS.   6.            2ieme régiment des zouaves deux bataillons sous les ordres du lieutenant colonel CLERC, commandant MORAND et MALAFOSSE.

7.            1ier bataillon d’infanterie légère d’AFRIQUE (les ZEPHIRS) sous les ordres du commandant   LIEBERT.

8.            Le bataillon de tirailleurs indigènes d’ALGER sous les ordres du commandant ROZE.

9.            Un détachement des tirailleurs indigènes de CONSTANTINE.

10.          4ieme du 2ieme des chasseurs d’AFRIQUE sous le commandement  du colonel RAME.

11.          2ieme escadrons du 1er des chasseurs d’AFRIQUE sous le commandement du colonel LICHTLIN.

12.          2ieme escadrons du 1er des spahis sous les ordres du commandant DE FRANCQ.

13.          2ieme escadrons du 2ieme de spahis sous les ordres du commandant DE LA TOUR LANDON.     

           Toutes ses troupes seront sous le commandement en chef du général PELLISSIER.

Ce nombre impressionnant de soldats armés jusqu’aux dents étaient venus à la rescousse des soldats déjà en place pour mater la résistance d’une ville insoumise et dont le nombre de ses habitants était de loin très inférieur au nombre de ses assaillants.

L’affaire devenait sérieuse pour la FRANCE d’autant que trois provinces ALGER , ORAN, CONSTANTINE menaçaient elles aussi de s’enflammer.

L’état major au complet se concertait sur les méthodes à prendre contre cette insurrection et sur l’impact qu’elle pouvait avoir sur les autres provinces d’ALGÉRIE.

Pour le colonisateur il s’agissait de ne plus refaire les erreurs commises contre les ZAATCHAS et de ne pas s’exposer à un autre échec qui compromettrait tous ses plans.

Dans les 3 provinces manœuvraient déjà des colonnes prêtes à se concentrer pour mater toutes rebellions et à ALGER même le GOUVERNEUR GENERAL qui faisait parti des troupes demanda à ses hommes pour des raisons impérieuses de sécurité de ne pas dépasser MEDEA.

   La plus rapprochée de LAGHOUAT était celle du général PELLISSIER formée avec les meilleurs troupes de la division d’ORAN, aussi arrivera t-elle rapidement devant LAGHOUAT dés que le général YOUSEF eut lancé partout des demandes de secours et averti le GOUVERNEUR GENERAL de la tournure que prenaient les évènements.

Arrivé sur place le général PELLISSIER donna aussitôt l’ordre pour procéder à une reconnaissance des lieux.

La division d’ORAN s’établira sur la rive droite de l’oued M’ZI, l’autre division commandée par le général YOUSEF occupera la rive gauche, plus au sud s’installera la colonne venue de BOUSSAADA sous les ordres du commandant PEIN.

Deux escadrons de chasseurs d’AFRIQUE et une très forte compagnie de tirailleurs indigènes complétait le dispositif mis en place.

Le 3 décembre 1852 le général PELLISSIER donna l’ordre de prendre les armes à toutes les troupes pour une dernière reconnaissance des lieux et afin de déterminer par ou attaquer la ville fortifiée. » 

Par Lotfi Amine Soukhal  le 26 février 2009

Publié dans AMINE LOTFI

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M
Magnifique et ma foi je n'ai pas à ma disposition de vocabulaire consequent pour decrire le plaisir que j'ai eu à lire notre histoire si bien raconté par un écrivain qui sait manier la langue de voltaire.M
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G
<br /> Prodigieux est peut etre en deca des efforts consentis et des recherches effectuées pour amasser autant d'informations et les relater pour notre plaisir avec autant de talent falait le faire doublement merci .G<br />
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C
Je reconnais que je n’ai jamais autant appris sur le génocide et la résistance de la ville de Laghouat qui m’étaient inconnus parce que les informations colportées étaient soient tronquées soient fausses je vous remercie pour cette leçon d’histoire et de courage que vous nous servez sur un plateau   aux laghouatis de ne plus avoir honte nous sommes les seuls peut être au monde a avoir 2 cimetières de CHOUHADA ne serait ce que pour ce plaisir retrouvé  soyez bénis merci
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L
<br /> Le travail de notre ami Amine est tout simplement prodigieux et mérite toutes les louanges,. il faut avouer que c'est la première fois que je lis une étude historique sur la prise de Laghouat ,<br /> aussi complète et aussi détaillée  et avec le style en plus propre à notre ami. Tout le monde est fier de toi et de ton travail : c'est un appel aux historiens de Laghouat ( il doit y en avoir<br /> !) de continuer le travail entamé et ne pas attendre que l'on le fasse pour nous.<br /> <br /> <br />