Un « Chef de tribu » Parlementaire ! - par Bachir Rouighi-
Un « Chef de tribu » Parlementaire !
Il est vrai que Laghouat a eu beaucoup d’hommes valeureux, qui œuvraient à sa prospérité et son progrès, à travers toutes les époques de son histoire. On a beaucoup parlé de ses habitants tenaces et hostiles à tout occupant, ses descendants des Gétules et de Hillal ibn Ameur, les maîtres du désert. Ainsi que de ses cadres et petits fonctionnaires qui ont servi honorablement leurs concitoyens, ses notabilités, ses hommes de culture...
A côté de ceux-là, il existe d’autres hommes que la tendance moderniste les a qualifiés de « vieux turbans ». Ces derniers se sont consacrés à la chefferie de leurs tribus et leurs territoires. Toutefois, ce qui est remarquable c’est que ces chefs aux fonctions administratives étaient aussi des « hommes politiques ». En effet, je viens de découvrir il y a quelques temps, que par exemple le chef des Larbaâ était un «parlementaire ».
Il s’agit de Si el hadj Lakhdar ben Mohammed ben Tayeb, ce notable local assumait en plus de sa charge de chef de tribu, celle de membre des délégations financières algériennes.
Hadj Lakhdar entra aux délégations financières algériennes, à l’âge de 62 ans. Il y siégea de décembre 1898 à décembre 1904. En 1904, par exemple, Il présida la séance du 7 mars 1904 comme doyen d’âge. Il était représentant de la section arabe et faisait parti de la commission « agriculture, commerce et industrie, postes et télégraphes, colonisation et forêts ».
Son entrée à ce quasi-parlement est due d’abord à ses fonctions administratives, étant le chef d’une importante confédération de tribus. Puis à son appartenance à une famille de la noblesse militaire algérienne. Ce sont les critères d’élection à ce moment là. Cela nous rappelle, sans doute, les premières assemblées à caractère aristocratique de l’ancien régime, ancêtres de parlements puissants d’aujourd’hui.
Il faut dire que dans ce parlement embryonnaire, les délégués ne proposaient pas des lois, comme il est coutume dans la tradition parlementaire, car le gouvernement colonial limitait leurs interventions sous formes de vœux. Ils usaient, alors, pleinement de cette prérogative et n’arrêtaient pas d’émettre des vœux sur divers points de vue. Plus particulièrement, lorsqu’il s’agit du culte musulman (création de mosquée, médersas, enseignement coranique, nomination d’imams et de mouderess…) ou encore des intérêts économiques (développement des voies ferrées, propriété collective, propriété archs…).
Les délégations algériennes sont crées par décret du 23 août 1898, le but de cette nouveauté dans le système colonial était d’apporter à son gouvernement des « opinions libres » sous forme de vœux directs des représentants des contribuables algériens.
Si el Hadj Lakhdar FERHAT, notre premier parlementaire est né en 1836, appartenant à une famille très ancienne de la région, il a administré les tribus Larbaâ, jusqu’à son décès le 28 avril 1914.
Par Bachir Rouighi