Laghouat en 1872: Récit d'un explorateur- Troisième Partie -

Publié le par Laghouati



L’AFRIQUE OCCIDENTALE

ALGÉRIE, MZAB, TILDIKELT. Paul Soleillet (1842_1886)


Partie trois


Les militaires sont nombreux à Laghouat, où se trouva une colonne mobile, composée de deux escadrons de cavalerie, deux bataillons d’infanterie de ligne et une compagnie du bataillon d’Afrique ; l’artillerie et le génie y sont aussi représentés par des offi ciers et des soldats de ces armes. Les services administratifs de l’armée

sont sous les ordres d’un sous-intendant, qui a la direction des campements, hôpitaux, ambulance, manutention.

Les civils de Laghouat sauf l’employé du trésor, celui de la poste et celui des lignes télégraphiques, vivent tous de négoce. En dehors de quelques achats de laine, leur

Commerce consiste spécialement à vendre des objets de consommations, tels qu’épiceries, viande, pain ; à ces divers commerces ils ont, hélas ! Presque tous joint

Un débit de boissons. Il y a aussi parmi eux quelques ouvriers; maçons, charpentiers, serruriers, menuisiers, cordonniers, etc.

Un fait se constate ici ; il est de nature à empêcher de désespérer de l’avenir : il y a à Laghouat des Français, nés en plein Sahara, mariés dans le Sahara à des Européennes qui y sont également nées, et ayant des enfants qui se portent admirablement bien, et possédés de cette passion du clocher, caractéristique de notre race, et ce clocher est celui d’une oasis du grand désert !!!

Ces enfants Européens s’élèvent avec les enfants des indigènes ; les uns et les autres usent des deux langues : les Français savent l’arabe, et les Arabes parlent français. Quelques étrangers, surtout des Espagnols, vivent à Laghouat confondus avec les Français.

L’instruction est donnée à cette population par un instituteur primaire pour les garçons ; à cet instituteur est adjoint un maître indigène, l’école étant fréquentée par des élèves musulmans, juifs et chrétiens. Il y a aussi une école communale pour les filles.

Dès les premiers jours de la conquête, un prêtre, avec le titre de curé de la ville et d’aumônier de la colonne, fut installé à Laghouat, érigée en paroisse.

Il ouvrit immédiatement chez lui une classe où il reçut gratuitement et indistinctement tous les enfants chrétiens ou musulmans. Grâce à cette classe encore existante aujourd’hui et toujours très fréquentée par les enfants musulmans, presque tous les indigènes, de moins de trente-cinq ans, parlent très bien le français à Laghouat ; ils sont en cela plus avancés que ceux d’Alger et des autres grandes villes du Tell.

Les indigènes représentaient pour moi, non la classe la plus intéressante (incontestablement c’est celle des civils), mais celle qu’il m’importait le plus de connaître : n’était-ce pas eux seuls qui pouvaient faciliter l’exécution du grand voyage que je méditais……

 

…….La société musulmane de Laghouat se compose surtout d’anciennes familles du pays ; se sont les Laghouatia (au singulier Laghouati) proprement dits. Ils se marient entre eux, à l’exception des grandes familles, de l’aristocratie, dont les fils prennent leurs femmes chez les nomades ; là ils trouvent un sang plus riche et, dans les tribus de leurs épouses, un point d’appui sérieux pour servir leur influence.

La bourgeoisie et les petites gens de l’oasis, énervés par des mariages consanguins et par une existence casanière, sont ce que l’on appelle dans le Sahara les queçouria

(au singulier queçouri)……

 

……Il  y a à Laghouat des juifs et des Beni-Mzab qui vivent en queçouria; les premiers sont orfèvres et marchands,les seconds s’occupent aussi de commerce et sont généralement adjudicataires des fournitures de l’armée et des administrations.

L’on trouve de plus dans la population indigène un certain nombre d’arabes — le nom d’arabe, que les Européens donnent en Algérie presque indistinctement à tous les musulmans, est réservé par les indigènes aux nomades seuls — des tribus environnantes. Quoique souvent fixé à Laghouat, depuis très longtemps, de père en fils, ils ont toujours continué à faire partie de leur tribu ; ils s’y marient, et ils y ont presque toujours des troupeaux et des tentes, où ils se rendent parfois en villégiature ; ces Arabes sont à la ville les représentants de leurs frères,qui vivent constamment sous la tente ; ils font leurs commissions, leur servent d’hôtes lorsqu’ils viennent à Laghouat, s’occupent de leurs intérêts, ils sont en un mot leurs mandataires. Cette fraction de la population a conservé des habitudes viriles, voyage, chasse ; aussi se distingue-t-elle à première vue à son teint bronzé et à sa physionomie respirant la force et la santé…….. »

 

Publié dans SOUVENIRS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Bonjour M. Laghouati, je fais partie de la communauté des amis d'Agathe et comme elle en fait mention sur son blog et si ce n'est pas trop indiscret de ma part, viens vous souhaiter un JOYEUX ANNIVERSAIRE.Bonne journée,Alrisha
Répondre
L
<br /> Merci à Alrisha pour ses voeux .<br /> <br /> <br />
C
Un bon anniversaire  Monsieur!Et très bonne journée à vous
Répondre
L
<br /> Merci pour vos voeux<br /> <br /> <br />
M
Bonjour je viens de chez Agathe pour vous souhaiter un très joyeux anniversaire et une belle et très longue vie pleine de bonheurs.Bonne journée et belle fête au milieu de vos proches.
Répondre
L
<br /> Merci à vous, monsieur Morsli et également à Agathe<br /> <br /> <br />